Pripiat
Pripyat Ukraine
catastrophe
nucléaire Припять vous découvrez ma progression minute par minute dans la ville de Pripyat, pour le jubilé de " 20 ans sans vie" une première en Europe ( texte en bas de page) Agence jjkphoto.ch / home + de 40 000 photos on line vente des photos English русский News letter : jkissling@jjkphoto.ch jjk publicité Calendrier Exposition Thématique Studio Photo Reportage jjk Diaporama jjk Cours Photo TEL ( +41) 079 21 353 81 |
SAGA Tchernobyl / Pripyat photo prise le 11 août 2006 ses 4 versions, 4 recyclages d'images La performance (2006) L'exposition (2011) La bande-dessinée (2016) Les cravates du jubilé (2021)
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ÉPISODE 19 de " J'AI MARCHE à ......" ( performance photographique citadine) le vendredi 11 août 2006 de12h32 à 13h10, j'ai marché dans Pripiat ville témoin de l'ère nucléaire. 20 ans après l'accident du réacteur 4 de la centrale atomique de Tchernobyl450m à pied pas plus de 20mn, la ville est encore très radioactive, il pleut j'ai de la chance il y a peu de poussières. Ces marches sont le souvenir d'une ville un certain jour, un jour certain, cette devise aujourd'hui avait un goût amer.
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8762 mon trajet dans Pripyat |
Archives / stok d'images: Pripyat la ville zone contaminée Tchernobyl la centrale Exposition du 25ième |
8598 12h32mn29sec / la gare routière de Pripiat
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8992 12h33mn42sec / vue sur la bête depuis la place de la Gare
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8599 12h36mn42sec / avenue Lénine
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15945 12h36mn58sec / souviens toi
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8601 12h38mn10sec / cabine téléphonique jaune, angle av Lénine et la rue Kourchatova
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8602 12h39mn24sec / place centrale Pripiat
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15931 12h39mn24sec / la ville verte pour le vingtième
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8603 12h40mn10sec / 20 ans d'âge
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8604 12h40mn56sec / hôtel Polissa
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8605 12h41mn35sec / une chaise vide
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8606 12h42mn20sec / les témoins de mon passage
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8609 12h43mn38sec / la chaise de l'autre coté et vue sur down town
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8610 12h45mn10sec / la belle fontaine du centre ville
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15932 12h45mn30sec / le centre culturel energetik
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8613 12h47mn00sec / les façades me regardent comme si j'étais le fautif
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8616 12h49mn30sec / préparatif des fêtes du 1er mai 1986
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8617 12h49mn46sec / matériel pour le défilé du 1er mai1986
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8618 12h50mn48sec / trop tard, le rat est mort avec ses secrets, place de la culture
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8619 12h51mn25sec / la grande roue de Pripiat et place de la culture, l'endroit le plus radioactif de la ville, c'est sous la place que sont récoltées les eaux de pluies.
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8620 12h51mn45sec / le kiosque à glace sans glace
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8621 12h52mn30sec / retour vers la grande place
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15944 12h55mn19sec / porte d'entrée du magasin d'état univermag
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8682 12h55mn51sec / les escaliers en marbre
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8683 12h56mn40sec / façade de l'univermag
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15953 12h59mn40sec / photo du premier touriste
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15954 13h00mn15sec / retour av Lénine
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15952 13h01mn29sec / rue Kourchatova
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8690 13h10mn13sec / Pripiat aura vécu 16 ans ( 1970-1986)
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J’ai
marché à Pripiat le 11 août 2006.
Depuis
3 ans, je réalise des performances photographiques : je marche 4,5km dans
des villes d’Europe et je fixe sur la mémoire sensible de mon appareil
photo les atmosphères citadines que je croise ce jour-là.
Ensuite
j’expose mon chemin sur Internet ou sur des murs, dans l’ordre
chronologique de ma découverte, les images se suivent minute par minute,
comme un roman photo. C’est le souvenir d’une ville, un certain jour.
Un soir de festival à Cannes, un matin d’hiver à Zermatt, le 8 mars à
Rome, un dimanche à Vilnius, j’ai déjà visité 30 villes d’Europe.
http://www.jjkphoto.ch/page45.htm
De
ce fait, j’ai traîné mes semelles sur de prestigieux bitumes européens,
où les transports publics, les gens, la publicité, les architectures
tissent une toile de fond
appelée vie urbaine, le point commun de toutes ces belles cités
que j’ai traversées.
Vous
allez me dire qu’après avoir photographié 135 km de centres villes et
de constater que les villes vivent, c’est un peu facile.
Pourtant
ce 11 août 2006 à 12h32, je suis seul dans une ville qui ne vit plus.
Elle n’est pas encore classée ville morte, pour l’instant elle est
juste rayée de la carte.
Qu’est
que c’est une ville qui ne vit plus :
Une
cité oubliée et retrouvée pour la plus grande joie des archéologues et
des touristes ? Non, une ville qui ne vit plus, n’attire personne.
Une
ville où les odeurs de la mort et de la guerre planent entre les murs brûlés
et criblés de l’impact des balles ? Il y a bien eu un
affrontement, mais il n’y a pas de trace, l’ennemi était invisible,
sournois et traître. L’adversaire n’épargna personne, les héros
touchés au fond de leurs chaires sont partis mourir ailleurs. Une ville
qui n’a pas su protéger ses fils et ses filles, n’a pas le droit à
son nom dans les livres d’histoire.
Donc
le 11 août 2006 à 12h32, après un concours de circonstances
rocambolesque, le chauffeur me dépose à la gare routière de Pripyat, au
cœur de la zone interdite. La radioactivité y est encore importante, il
est déconseillé de rester plus de 20mn. J’ai de la chance : Une
pluie légère colle la poussière au sol, les conditions idéales pour découvrir
Pripyat, qui fête cette année 20 ans de non-vie.
Je
suis seul, pas une âme à 10km à la ronde. Face à moi la bête
endormie. Le monstre est endigué dans son cénotaphe monumental ;
le tombeau de béton est sertit de poutrelles rouillées et de
conduites en aluminium ; d’épaisses fumerolles laiteuses courent
le long des flancs du mausolée. Un colossal rostre tubulaire émerge du
sommet, à contre jour dans le ciel gris les passerelles qui
l’entourent, se font dentelles de coton noir.
Ces
quelques centaines de m3 de béton qui me cachent la vue, focalisent les
regards du monde entier, alors que la vérité commence derrière moi à
quelques centaines de mètres. C’est la cité Pripyat, ville témoin de
l’industrie nucléaire, victime collatérale de la réaction en chaîne
non contrôlée du 25 avril fatidique.
Pripyat
a été construite en 1970 en même temps que la centrale électrique. Les
architectes ont utilisé les meilleurs concepts soviétiques en matières
d’urbanisme, de joie de vivre et de culture.
Le
25
avril, le vent souffle dans le mauvais sens, la ville reçoit,
poussières de graphite, pluies d’isotope accompagnées des rayonnements
bêtas, gamma. Une aubaine pour les observateurs internationaux des
catastrophes non naturelles. Un drame humain d’une ampleur impensable,
sur lequel je ne reviendrais pas, mais que je vous invite à ne pas
oublier.
Revenons
à Pripiat évacuée le 27 avril 1986, les gens sont partis, depuis RIEN.
RIEN,
si ce n’est les saisons qui poursuivent le temps, la végétation enfin
libre de sa fonction décorative envahit lentement, mais sûrement,
l’espace réservé autrefois aux humains.
Autre
particularité d’une ville sans vie, le silence qui règne en maître,
la ville n’émet aucun bruit, pas le moindre son, rien ne vient troubler
cette quiétude malsaine. Même le vent frais, vent du matin, le
colporteur de ce malheur, refuse de chanter dans la cime des grands pins !
1996,
pour les 10 ans d’une ville sans vie, on a reconstruit Pripyat sur
Internet. Une renaissance virtuelle de la cité, avec ses magasins en
ligne, son blog littéraire et sa place de rencontre.
D’ailleurs
au centre la vraie ville sans vie, se trouve un panneau bleu et blanc qui
annonce «
on se rencontre maintenant sur
www.pripyat.com
»,
je ne sais pas pour qui il est là, puisque la zone est fermée, mais
c’est le seul indice dans toute la cité qui prouve que la vie a continué
pour les pripiatiens après l’accident, mais sur internet seulement.
D’ailleurs,
la célébrité de « Pripyat la virtuelle » a dépassé
nettement « Pripyat désertée ». De nombreux jeux vidéo ont
adopté le nom Pripyat pour désigner une ville radioactive remplit de
mutants à abattre ; certains originaux vouent même un culte à la
capitale provinciale ukrainienne.
2006,
c’est le jubilé des 20 ans de «
une ville sans vie » malgré ce titre unique, personnes n’est
venu pour fêter l’événement.
Ma
surprise fut d’autant plus grande, quand je découvre en primeur, le
travail de sept artistes russes et allemands. Ils
sont entrés illégalement et ont peint une vingtaine d’œuvres
murales au centre même de la ville.
C’est
le premier acte culturel «
in situ » en 20 ans à Pripyat. Les
graffitis représentent des enfants qui jouent, devant la poste un garçonnet
habillé de jaune, fait le pied de nez aux fantômes qui passent. A l’hôtel,
une jeune fille regarde pousser les chardons ( Post Lux Ténébras), elle
a le temps. Les bambins sont figés sur les murs comme atomisés, ces
ombres immobiles sont les seuls témoins de mon passage.
Je
contourne le centre culturel " Energetik", la porte est ouverte, je rentre. A l’intérieur,
éparpillés dans les couloirs, les panneaux de la manifestation du 1er
mai 1986. Ils sont poussiéreux, mais prêts à être utilisés.
Déjà
12 minutes, je continue en direction du parc de la Culture, sa grande roue
et son kiosque à glace. J’ai faillit croiser un peu de vie, mais c’était
déjà trop tard. Le corps d’un rat fraîchement mort, gît sur la place
de la Culture.
Je
retourne vers le centre, en pressant le pas. Les façades morbides me
regardent, comme si j’étais le fautif de ce cauchemar. Je leur promets
à l’avenir de consommer que de l’énergie verte. ( à Genève c’est
possible) ; leurs regards s’adoucit.
13h02- :
le chauffeur m’attend à l’angle de rue Kourchatova et de l’avenue Lénine,
face à la cabine téléphonique jaune.
Sur
le chemin du retour à quelques km, des ouvriers réparent la route,
d’autres dégagent les panneaux «
Attention radioactivité » et repeignent quelques reliques soviétiques.
Derrière ces banalités, s’annonce la venue du tourisme, hé oui pour
quelques $ vous pourrez prochainement visiter la seule ville sans vie d’Europe,
son exposition d’art urbain, vous verrez aussi le sarcophage de la bête
endormie. Vous signerez une décharge, comme quoi vous avez connaissance
des risques encourus. Vous aurez inclus dans le prix, un dosimètre pour
prouver votre contamination, une gourmandise iodée et
un autocollant «
Je suis allé à Tchernobyl » Texte et images : agence www.jjkphoto.ch
copyright
Jean-Jacques Kissling Texte et images : agence www.jjkphoto.ch Reportage et exposition disponibles jkissling@jjkphoto.ch
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