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Face à moi la
bête endormie. Le monstre est endigué dans son cénotaphe monumental, le
tombeau de béton est serti de poutrelles rouillées, d’épaisses
fumerolles laiteuses courent le long des flancs du mausolée. Un colossal
rostre tubulaire émerge du sommet, à contre-jour dans le ciel gris les
passerelles qui l’entourent, se font dentelles de coton noir. Ces
quelques centaines de m3 de béton, qui me cachent la vue focalisent les
regards du monde entier, alors que la vérité commence derrière moi à
quelques centaines de mètres. C’est la cité Pripyat, ville témoin de
l’industrie nucléaire, victime collatérale d'une réaction en chaîne non
contrôlée.
Un mot sur la
ville Pripyat, elle a été construite en 1970 en même temps que la
centrale nucléaire de Tchernobyl. Très vite, une cité de 50 000 âmes
s’est développée. Avec sa grande place, l’hôtel Polissa, le centre
culturel Energetik, le parc de la Culture et sa grande roue. Bref, une
ville exemple, promue à un avenir exemplaire. Son maire est heureux, il
rayonne sur sa ville. En cette fin d’avril 1986, toute la mairie prépare
la manifestation du 1er mai. M. le maire ne sait pas encore qu’il va
être le dernier maire de la première ville morte d’Europe ! Le 26 avril
1986, le réacteur n°4 explose, le vent souffle dans le mauvais sens, la
ville reçoit, poussières de graphite et d’uranium, pluies de césium 137
et de iode 131. Un drame humain d’une ampleur impensable, sur lequel je
ne reviendrais pas.
Pripyat, a été évacuée le 27 avril 1986, depuis RIEN, le
monde l'a oubliée.
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